J. collégienne, vient me voir car depuis quelques jours, elle a du mal à manger, à faire passer des aliments solides dans sa gorge. Elle a peur d’avaler.
Ça ne lui est jamais arrivé par le passé, d’après ses souvenirs et ne sait pas vraiment à quoi c’est lié. Peut-être à un thème travaillé en classe à propos des premiers secours. Peut-être à ce moment en début d’année où une de ses copines a failli s’étouffer et que « c’est resté coincé ».
Sa maman précise que J. mange doucement, qu’elle est très angoissée, qu’elle se met une pression terrible même si elle est première de sa classe.
J. fait de la danse et du piano et la semaine prochaine elle part en colonie.
Elle ne se trouve pas spécialement angoissée, mais c’est vrai que ces derniers jours, elle a « une boule dans la gorge », ce qui a pour conséquence une alimentation principalement liquide, ce qui inquiète les gens autour d’elle. Elle aussi aimerait pouvoir de nouveau manger ce qu’elle veut.
Nous allons voir comment c’est quand J. danse : la lumière qui entre par les baies vitrées et les jeux d’ombre qui apparaissent, ces odeurs si particulières dans cette salle qu’elle connaît si bien, et la musique bien sûr. Nous sommes attentifs à sa respiration qui a tendance à se calmer au fur et à mesure, avec cette impression que » ça me lâche, ça me détend ». Et peu et peu les sensations se transforment, de plus en plus à l’intérieur . La boule de stress commence à se déplacer à l’intérieur.
Et alors que J. continue de danser, je l’invite à imaginer un piano qui l’accompagne, et au fur et à mesure que les notes avancent, cette boule au niveau de la gorge continue de se transformer et c’est de plus en plus agréable de se rendre compte que sa texture semble changer aussi, son aspect. Elle est plus transparente, presque translucide.
Et sa couleur.
Son esprit inconscient, cette partie d’elle qui a toujours été là fait maintenant tout le travail jusqu’à transformer cette boule en quoi que ce soit, jusqu’à la laisser se dissoudre entièrement et complètement.
En des particules si petites… Si petites qu’à présents elles n’ont plus qu’à faire ce qu’elles désirent, se laisser absorber par chacune des cellules de son corps -à l’intérieur- . ou même pourquoi pas aller vivre leur propre vie -à l’extérieur.
Et pendant ce temps là, J. n’a rien d’autre à faire que de profiter de la danse, des harmoniques, des sensations corporelles… Se laisser porter, si légère.
Et la J. de l’intérieur continue d’apporter toute la force, l’énergie, la joie de vivre et bien sur ce calme intérieur dont J. a besoin.
J. sait désormais qu’elle pourra retourner à l’intérieur, fermer les yeux et communiquer de nouveau avec cette partie d’elle, contacter encore et encore toutes ces ressources infiniment disponibles.
J’invite ensuite J. à aller voir dans le futur, à se voir d’en haut, comme on aime tant le faire quand on est enant, se voir partir en stage de danse, sentir comme c’est si agréable de danser, de partager cette passion avec ses amies, de créer ensemble quelque chose de nouveau.
Et pendant 2 minutes de temps d’horloge rêver un rêve merveilleux à propos de toutes les possibilités, capacités et potentialités de développement pour l’avenir.
Remerciements. Retour ici et maintenant.
Un vrai plaisir cette séance !
J. m’enverra un sms le soir même pour me dire qu’elle a mangé presque normalement dès le repas de midi et que ce soir tout va bien, à part certains aliments très durs à mâcher.
Ce n’est pas grave, chaque chose en son temps.
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